Le son du cor retentit dans toute l'arène - percutant chaque recoin pour se mêler au brouhaha de la foule - annonçant que le combat venait de prendre fin. Sur la piste, les bras en signe de victoire, siégeait Gustave, Féca de son état, hébété mais heureux, bercé par les acclamations du public, encore hilare de ce spectacle. Il faut dire qu'ils n'avaient jamais rien vu d'aussi spectaculaire depuis cette légende racontant la victoire d'un groupe d'aventuriers face à l'une des créatures les plus mythiques du Monde des Douze : le Kralamour ! Pourtant aujourd'hui, loin de la Tourbière nauséabonde, la foule acclamait son nouvel héros, celui qui, au prix de longues heures, terrassa la terrible et infâme créature, terrorisant depuis des siècles les frêles et petits enfants du Monde... L'ignoble Piou Violet !
Gustave, se dirigea vers la sortie, d'un pas lent et fier. A peine eut-il ouvert les portes qu'une horde de chachas affamés bondirent sur le cadavre encore fumant de la sordide créature et par miaulements intempestifs signalaient qu'ils se délectaient. L'arène se vida elle aussi, pour se faire les échos de ce qu'ils avaient vu. Le Féca, quant à lui, rentra enfin par chez lui, dans le célébrissime quartier des bijoutiers à la taverne de la Bagrutte, dans l'éternelle et blanche Bonta.
Se frayant un passage parmi les piliers de comptoir, Gustave arriva sans peine au bar se demandant une rasade d'un délicieux nectar, la bière de la victoire. Et après de nombreuses heures à lever le coude avec ses nouveaux amis, Gustave se leva, tituba et peina à trouver la porte de sa chambre. Il faut dire que depuis ce matin, le nombre de chambres avaient doublé, ce qui n'était pas pour l'aider. Clé en main, il tâta la porte essayant de trouver la serrure, qui sans conteste, n'arrêtait pas de bouger, comme si Djaul lui-même, lui en voulait d'avoir triomphé... Et que la nuit fut douce et bonne ! Les litres de bières furent sans doute pour quelque chose et les minutes défilèrent pointant assez vite pour Gustave les 7h sur l'horloge du quartier. Réveillé par les badauds qui filaient sans cesse, Gustave se leva, résigné, la tête dans le coaltar, l'esprit encore embrumé par les libations de la veille.
Onze heure sonna, et le jeune héros était prêt, prêt à savourer les bienfaits de sa nouvelle notoriété et décida de se balader en ville. Il erra dans la ville millénaire, toujours aussi fier, écumant les échoppes à la recherche du parfait accessoire, digne du héros qu'il était, et c'est au prix de nombreux kamas qu'il exhiba sa nouvelle acquisition : une paire de Gelobottes.
Il reprit sa course folle dans les rues de Bonta, attirant les habitants de celle-ci, qui se retournaient à son passage. De plus en plus fier, il leva la tête bien haute, se prenant pour plus Féca qu'il n'était, mais ce qu'il ne savait pas, c'est qu'après son passage, les habitants pleuraient de rire suite aux couinements de ses bottes à chacun de ses pas... et le héros qui avait si vaillamment combattu ne remarquait rien. A vrai dire, tous les villageois ignorait qui il était, eux aussi avait, pour la plupart, succombé aux délices de la blonde ou de la brune. Et Gustave s'en rendit bien assez vite compte, aucune demande d'autographe, aucune faveur des demoiselles de la ville, ni même des rares Bworkettes qui se baladaient joyeusement, massue à la main, dans les interminables avenues de Bonta.
Il fallait faire quelque chose ! Ce qu'il avait accompli était digne des plus grands et se devait d'être connu par tout et tout le monde voire même enseigné aux jeunes des villes dans les sublimes écoles obligatoires pour tous sauf les Iops. Pour se faire, il décida de faire perdurer sa légende et marcha d'un pas décida vers le Zaap afin de se faire connaître au monde. Il sortit de sa bourse, à moitié vide suite à des nombreux achats, 770 kamas et les jeta dans l'arche, qui aussitôt se matérialisa... et le nouvel héros héraut y pénétra.
Lun 24 Mai - 13:27
